Centenaire du monument aux morts de la Grande Guerre – Récit de la cérémonie d’inauguration du 21 juin 1921

Centenaire du monument aux morts de la Grande Guerre – Récit de la cérémonie d’inauguration du 21 juin 1921

À l’occasion du centenaire du monument aux morts de la Grande Guerre célébré lors de la cérémonie du 11 novembre 2021 (programme dans l’agenda du site Internet), vous trouverez ci-après l’article paru en 1921 lord de son inauguration.

INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS 21 JUIN 1921

Hier, a eu lieu l’inauguration du monument aux morts de la grande guerre.

Le monument, dû au sculpteur Monbur, a été érigé sur la grande place entre l’église et l’école. C’est une colonne en pierre de Volvic surmontée d’un chapiteau qui supporte un casque de poilu. Sur les faces du chapiteau est encastrée une croix de guerre en bronze, et à la base de ce monument, de style sobre, sur huit plaques de marbre, sont inscrits les noms des soixante-huit enfants de Gerzat morts pour la France.

La cérémonie

Comme pour toutes les fêtes, la foule circulait nombreuse et de plus en plus compacte, sur la place, bien avant l’heure de la cérémonie.

Malgré le temps quelque peu incertain, les toilettes les plus gracieuses avaient été arborées et jetaient une note gaie dans cette foule grave et recueillie.

Pendant l’office célébré à la mémoire des soldats morts au champ d’honneur, l’excellente société « Les Laboureurs de la Limagne » fait entendre des marches funèbres qui alternent avec les chants des chœurs de jeunes filles.

À la sortie de l’église, le cortège se forme avec les sociétés de gymnastique, la musique et une délégation de l’A.R.A.C. Un groupe de jeunes filles offre gracieusement avant le départ un étendard tricolore aux sociétaires de l’A.R.A.C., puis le cortège s’ébranle au son d’une musique, fait le tour de ville.
Sur la place un carré se forme : à droite les anciens combattants et à gauche les familles des morts. La foule recueillie se presse derrière les autorités.

Un jeune soldat fait tomber le voile qui recouvre le monument et l’appel des disparus est fait par deux anciens combattants.

Les enfants des écoles viennent ensuite au pied du monument réciter des vers qui veulent traduire leur reconnaissance « à ceux qui sont morts pour la patrie ».

Des gerbes de fleurs sont déposées sur le piédestal tandis que la musique joue une marche funèbre.
Monsieur le Maire prend alors le premier la parole :

Le maire de Gerzat, dans son discours émouvant, évoque l’image de ceux qui sont disparus. Puis il dit que le monument élevé à leur mémoire éveillera dans leur esprit l’horreur de ce fléau cause de tant de sang et de douleurs et alors, on verra peut-être éclore et germer parmi les hommes un nouveau sentiment qui n’ira point à l’encontre du patriotisme mais qui passera par-dessus lui, par-dessus les frontières, un sentiment de paix et de fraternité durable parmi les peuples, l’abolition de la guerre, de ses atrocités et de ses misères.

M. Montagnon, président de l’Association amicale des anciens combattants, prend ensuite la parole et apporte à la mémoire des enfants de Gerzat l’hommage de ses camarades.
M. Pachon fait de même, au nom de l’Association républicaine des anciens combattants.
M. Trincart-Moyat, député, prononce à son tour un discours dans lequel il rappelle tout ce que nous devons à ceux qui sont morts pour le pays.

Puis, M. Marou, député, vient rappeler les heures tragiques vécues ces dernières années. M. Marou insiste sur l’influence que les morts doivent exercer sur nous :

« Écoutez-les dans le cadre harmonieux de notre belle Limagne, ils sont partout. Dans les champs, dans nos foyers, vous retrouverez quelque chose de l’âme de nos enfants ».

« Paix et gloire à nos morts. Bonheur et joie aux vivants ! Honneur et respect à tous ceux qui ont donné à la Patrie les êtres qui leur étaient chers ».

M. le docteur Bellet, conseiller général, succède à M. Marou et félicite les poilus de Gerzat d’avoir dédié leur première pensée, leur première fête à leurs camarades tombés sur les champs de bataille.

M. le docteur Bellet affirme avec force que ce monument édifié avec la collaboration de tous est la propriété de tous : combattants, municipalité, enfants, veuves des morts glorieux, vétérans, et il sera surtout un symbole et une leçon.

Bayle, conseiller d’arrondissement, clôture la série des discours. Il s’exprime en ces termes :

« C’est le cœur étreint par une profonde émotion que je prends la parole pour rendre un hommage de vénération à la mémoire des glorieux enfants de Gerzat qui sont tombés pour la défense de la Patrie ».

« Montrant le plus bel exemple d’abnégation et de vertu civique, ils sont partis pleins d’enthousiasme, abandonnant tout : village, maison, famille. Mais, hélas ! Ils n’ont pas eu la joie suprême, après avoir supporté toutes les intempéries, sous un déluge de mitraille, de rentrer au pays et de voir la France victorieuse ».

La Société de gymnastique la « Jeune France » rend les honneurs au monument et toutes les délégations viennent ensuite apporter des gerbes de fleurs ornées de rubans tricolores.

Quelques instants après la fin de la cérémonie, car à Gerzat, comme dans presque toutes nos campagnes, on ignore l’heure nouvelle, un banquet réunissait à nouveau la municipalité, les anciens combattants et les invités.
Au champagne, M. le maire présenta les excuses de MM. Huguet, Courtial, Tixier, Varenne et Claussat et porta un toast aux anciens soldats et à la commune de Gerzat.
M. Marou dit ensuite quelques mots, félicitant tous ceux qui ont contribué au succès de la manifestation.

Des applaudissements chaleureux couvrent les dernières paroles du député.

Comme cela est de règle, la fête s’est terminée très tard par des bals et autres réjouissances.

Article paru dans « L’Avenir du Puy de Dôme ». C’était le 21 juin 1921.

Sur une initiative de l’association “Racines Gerzatoises”

Partager